En dépit des engagements pris par les Etats dans le cadre de l’Accord de Paris, force est
de constater que le dérèglement climatique s’accélère. Le sixième rapport du Groupe
d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat, en sigle GIEC, notamment sur
les impacts, l’adaptation et la vulnérabilité, paru au mois de février 2022, montre clairement
que de nombreux risques climatiques sont plus importants que prévu, en particulier pour
les pays d’Afrique en raison de leur vulnérabilité.
Face à ce péril climatique dont les retombées compromettraient assurément l’atteinte des
objectifs de développement durable dans le cadre de l’agenda 2030, d’une part, et ceux
de l’agenda 2063 de l’Union Africaine, d’autre part, et indépendamment des solutions
technologiques envisageables, le niveau d’engagement collectif visant la préservation des
forêts, en général, et des forêts tropicales, en particulier, réputées poumons de l’humanité,
va incontestablement monter d’un cran.
Dans un contexte mondial doublement marqué par une crise économique et financière
persistante et un accroissement de besoins en produits forestiers divers, les stratégies à
mettre en place à cet effet, devraient privilégier, entre autres, l’extension de la couverture
forestière mondiale à travers la promotion des plantations forestières et agroforestières, -
une des solutions basées sur la nature, réputées à faible coût , dont les produits constituent
de véritables alternatives à ceux issus de forêts naturelles. Toutefois, en considération des
implications politiques, techniques et financières complexes liées à cette option, son
efficacité réside en ce qu’elle devrait être mise en oeuvre dans le cadre d’une coalition
mondiale portée par les plus hautes institutions qui régissent les relations entre les Etats.
La « Décennie Mondiale de l’Afforestation » lancée à l’initiative de la République du Congo
par la voix de son Président, Son Excellence Monsieur Denis SASSOU-NGUESSO, le 7
novembre 2022, à l’occasion de la tenue de la 27ème Conférence des Parties à la
Convention Cadre des Nations Unies pour le Changement Climatique (COP27), procède
ainsi de cette nécessité de tisser une sorte de trames entres des cadres stratégiques,
Accords, conventions, initiatives et leçons apprises, se rapportant à l’échelle planétaire
aux thématiques d’afforestation et de reboisement, notamment :
(i) La déclaration de Rio sur l’environnement et le développement de 1992 dont
les 27 principes, non juridiquement contraignants mais faisant autorité, pour
un consensus mondial sur la gestion, la conservation et l'exploitation
écologiquement viable de tous les types de forêts ;
(ii) Le plan stratégique des Nations Unies sur les forêts 2017-2030 ;
(iii) Le rôle des forêts, notamment des forêts plantées, pour atténuer les effets
du changement climatique ;
(ix) L’Accord de Paris sur le climat, en particulier son article 5 sur la prise des
mesures pour conserver et, le cas échéant, renforcer les puits et réservoirs
de Gaz à Effet de Serre (GES), notamment les forêts pour capter les
émissions de GES et préserver les écosystèmes ;
(v) Le Défi de Bonn, effort mondial de reboisement de terres dégradées et
déboisées dont l'objectif est de reboiser 350 millions d’hectares avant 2030,
s’inscrivant ainsi dans l'effort mondial pour le climat, mais aussi dans d'autres
objectifs de soutenabilité du développement ;
(vi) Les engagements à stopper et à inverser la déforestation et la dégradation
des sols d’ici à 2030, déclarés par les dirigeants à Glasgow sur les forêts et
l’utilisation des terres lors de la 16ème Conférence des parties à la
Convention-Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique
(COP26) tenue en Écosse en 2021 ;
(vii) L’Initiative pour la Restauration des Paysages Forestiers Africains
(AFR100) ;
(viii) La contribution apportée par la mise en oeuvre du mécanisme REDD+ pour
la lutte contre le changement climatique, et les efforts visant à réduire les
émissions de GES issues de la déforestation et de la dégradation des forêts
(REDD+) à travers la gestion durable des forêts, la conservation de la
biodiversité et l’augmentation des stocks de carbone par l’afforestation et le
reboisement ;
(ix) Dans plusieurs régions du monde, l’approvisionnement des grandes
agglomérations en bois énergie est l’une des principales causes de la
déforestation et de la dégradation forestière, et que la vente du bois énergie
constitue une vraie source de revenus pour les Communautés Locales et
Populations Autochtones (CLPA) ;
(x) Seule la coopération sous régionale et internationale en matière de gestion
des ressources naturelles peut engendrer des résultats significatifs, quant à
la lutte contre l’épuisement effréné de ces ressources, la désertification et la
perte de la biodiversité ;
(xi) Les avantages pour la communauté
internationale d’agir de manière solidaire et concertée dans la lutte contre le
dérèglement climatique ;
(xi) Le Plan de convergence de la COMIFAC pour la période décennale 2015-
2025, notamment son axe prioritaire relatif à la Lutte contre les effets du
changement climatique et la désertification ;
(xii) Les nombreuses autres initiatives en cours dans le monde, relatives à
l’afforestation, à l’instar du projet Muraille verte ;
(xiii) La satisfaction des besoins d’une population mondiale croissante et
urbanisée entraîne une nouvelle disparition de 10 millions d’hectares de
forêts chaque année, avec des conséquences désastreuses pour le climat,
la planète et la santé humaine, entravant la réalisation du Programme de
développement durable à l’horizon 2030, etc.
A la demande de la République du Congo, cette initiative a été endossée par l’Union
Africaine sous le label de « Décennie Africaine et Mondiale d’Afforestation » suite à la
Décision 846 de la XXXVI, issue de la 36ème session des Chefs d’Etat de l’Union Africaine
(UA), tenue du 17 au 18 février 2023, à Addis-Abeba, en Ethiopie, qui annonçait également
l’organisation de la première Conférence Internationale sur l’Afforestation et le
Reboisement (CIAR), au mois de juin 2024, à Brazzaville, en République du Congo, sous
l’égide de l’Union Africaine et du Forum des Nations Unies sur les Forêts.